Imaginez ceci. Vous faites vos bagages pour des vacances à la plage. Ou vous plannifiez une fête à la piscine avec un groupe d’amis. Ou vous prévoyez de vous évader pour la première fois avec votre amoureux.
Cela fait un moment que vous adhérez au mouvement «body positive», que vous reconnaissez les dangers des régimes, et l’importance de s’assumer, quelle que soit son poids ou son apparence. Vous avez modifié vos feeds de médias sociaux, balancé votre balance et fait voeu d’éviter le piège des produits « light ».
Mais la vérité vous nargue : vous êtes toujours TERRIFIÉE à l’idée d’enfiler un maillot de bain et de vous retrouver devant des inconnus. Ou pire encore, devant vos amis et vos proches. Parce qu’ils vous connaissaient comme celle qui est tout le temps à la salle de gym, ou celle qui peut passer des heures à vanter les avantages du ‘super ingrédient’ ou du régime miracle du moment. Celle qui apportait son tupperware de légumes vapeur lors de barbecues et des événements familiaux. Celle qui se tenait toujours à son entraînement sportif, même le lendemain du réveillon. Et vous n’avez pas exactement parlé de vos récentes tergiversations et de vos inquiétudes sur votre apparence autour de vous (vous aviez bien raison : cela n’est aucunement obligatoire).
Des questions vous traversent la tête, 24 heures sur 24, 7 jours sur 7, avant et jusqu’à la minute même où vous posez un pied dans le sable : pourquoi tout le monde ici semble-t-il plus jeune et plus mince que moi ? Et dire que je ressemblais à ça. Comment puis-je couvrir les parties de mon corps qui me complexent ? Je ne vais tout simplement pas nager, voilà tout. Oh et si je trouvais un autre maillot de bain? Peut-être ce maillot cachera mieux ma [insérer la partie du corps ici].
Tout cela est épuisant. Et inconfortable. Et est absolument inutile. Vous le savez. Je le sais. Mais le savoir ne le fait pas disparaître. Si cela vous ressemble, voici quelques stratégies simples pour faire face à l’anxiété de la comparaison cet été :
1 / Reconnaître pleinement la diversité des corps
Lorsque nous arrivons à la plage, notre œil est immédiatement entraîné à détecter ce qui est considéré comme « beau », c.-à-d. « ce qui est le plus proche du standard en matière de beauté », car ce standard est constamment mis en avant dans les médias, c’est celui qui rapporte le plus d’argent à l’industrie du bien-être (aheum des régimes), et celui qui est donc accepté comme ce que tout un chacun devrait absolument rechercher et atteindre, à défaut d’apparaître carrement bizarre et même amoral. Mais la réalité est toute différente : seuls quelques pourcents de la population ont ne serait-ce que le potentiel de s’adapter à ces normes. Ceci est encore plus évident lorsque vous allez à la plage ou à la piscine. Une fois que vous faites un effort conscient, vous êtes libre de constater l’énorme diversité de corps et d’esthétiques qui existe. Il n’y a littéralement pas deux corps qui se ressemblent. Les formes des bras, des jambes, des fesses, des seins, des hanches, du torse, du dos correspondent à un spectre de possibles littéralement infini. Pas étonnant qu’il y ait un énorme marché à satisfaire si on continue à viser des standards de beauté étroits ! Garder cela en tête permet de se distancier de cette logique de comparaison, ancrée dans une démarche essentiellement consumériste et capitaliste.
2 / Faire un effort conscient pour être DANS son corps
Au lieu d’envisager la question du corps sous un angle extérieur, qui le REGARDERAIT de l’extérieur, INCARNEZ les nombreuses fonctions qu’il remplit. Dites oui à plus d’activités et de possibilités d’apprécier ses capacités plutôt que son apparence seule. Parce que vos vergetures sembleront beaucoup moins importantes une fois que vous êtes suspendu.e.s dans les airs à un parachute ou en train de pagayer dans un kayak. Vivre plus intensément, c’est aussi ÊTRE plus vivant·e. Votre apparence, malgré l’importance démesurée que nos us et coutumes lui accordent, n’est qu’une partie minimale de votre essence en tant que personne.
Une autre façon de se poser dans son corps passe par la liste des gratitudes pour le fonctionnement de notre corps, et surtout sa façon de soutenir nos objectifs de vie et nos activités quotidiennes, par opposition à son apparence extérieure. Cela peut être aussi simple que de remercier ses jambes pour leur capacité à marcher, ou ses yeux d’apprivoiser l’environnement sans aucun effort conscient.
3 / Se rappeller que modifier le corps ne garantit pas son acceptation
Revenons à la personne sur cette plage qui semble correspondre au mieux à la norme de beauté actuelle. Rien ne vous assure qu’elle n’a aucun complexe par rapport à son corps et son apparence. Rien ne dit qu’elle n’a pas eu peur, comme vous, de mettre son bikini et de se rendre à la plage. Avoir un corps « parfait » n’est pas automatiquement synonyme d’une image corporelle positive. L’image corporelle et la confiance en soi sont des atouts psychologiques, ils ne s’obtiennent pas en modifiant simplement son apparence.
Lorsque je m’interroge: étais-je plus confiante en maillot à l’époque où je suivais un régime et une routine sportive ultrastricte ? La réponse est un NON retentissant. Car dès que j’arrivais à un poids ou une apparence particulière, je trouvais immédiatement une nouvelle insatisfaction, un nouvel objectif, une nouvelle façon de me détester. Pour sortir de ce cycle, un travail mental est nécessaire, parfois sur des traumatismes anciens, qu’on parvient à ‘faire taire’ momentanément grâce à un contrôle excessif du corps et à une tendance au perfectionnisme, mais qui ne sont en réalité qu’un emplâtre sur une jambe de bois.
Donc cet été, VIVEZ au maximum, évitez de scruter votre corps ou celui des autres, et soyez bienveillant.e.s envers vous-mêmes, toujours.