Ce ne sont pas mes mots, mais il s’agit d’une angoisse bien réelle, exprimée par de nombreuses femmes en processus de guérison d’une aménorrhée hypothalamique fonctionnelle.
Pour beaucoup d’entre elles (et j’en faisais partie il y a quelques années), laisser tomber les restrictions alimentaires pour manger de tout entraîne une immense dissonance cognitive.
Elles étaient de ferventes adeptes de l’alimentation « healthy » (saine/clean/végétalien/paléo/comptaient les calories/ « géraient leur poids »/ »faisaient attention ») et leurs habitudes trahissent un certain nombre de croyances intériorisées sur certains groupes d’aliments jugés « mauvais », « pas sains » ou même « dangereux » pour la santé.
Mais la réalité est différente : aucun aliment n’est intrinsèquement bon ou mauvais.
Un, parce que le brocoli a autant de valeur morale que le Nutella, çàd AUCUNE. Deux, car notre corps est capable de transformer TOUT aliment en énergie, même celui à faible valeur nutritionnelle. Trois, car les humains sont conçus pour ressentir du plaisir en mangeant. La satisfaction est un élément essentiel à notre survie et donc à notre métabolisme. Elle permet de réguler les sensations de faim et de satiété (et donc notre poids), mais participe aussi au processus de digestion. C’est pourquoi retirer la dimension de plaisir se fait souvent au détriment de notre équilibre corporel…
Nos croyances alimentaires sont directement influencées par la grossophobie ambiante.
Toutes nos croyances toxiques (« la nourriture est mon ennemie », « manger moins, c’est peser moins », « le sucre est dangereux » etc.) sont ancrées dans un certain nombre de jugements culturels sur la nourriture, les corps, le poids et la santé. Et notre consommation médiatique alimente (sans mauvais jeu de mots) ces croyances.
Quand les médias font leurs gros titres des recherches pseudo-scientifiques sur « l’épidémie d’obésité » ou commentent la perte de poids de célébrités, ils omettent de mentionner que
1/ il n’existe toujours pas de solution fiable et inoffensive pour perdre du poids à long terme.
2/ il y a des liens directs, systémiques et avérés entre la prise de poids et les régimes chroniques, la pauvreté, les traumatismes psychologiques, entre autres.
3/ leur public ‘en surpoids’ est stigmatisé à chaque fois qu’un nouvel article condamne leur apparence – ce qui a également de graves conséquences sur leur santé.
Tout cela participe à un système de croyances ou nous sommes convaincu.e.s que notre « devoir moral » est de rechercher les aliments les plus « clean », les ingrédients les plus « nutritifs », les choix les plus « sains ». Nous avons peur de manger certains aliments que l’on n’arrête pas de diaboliser en les qualifiant de « déchets » (Junk) ou de « triche » (cheat meal). Et le cycle continue… soutenu par cette puissante industrie du « bien-être » qui tire des millions de notre manque de confiance en nous.
C’est bien la quête d’une santé meilleure qui a précipité notre infertilité.
Et les études sont pourtant claires : l’hypothalamus d’une femme en âge de procréer a besoin d’une large DIVERSITÉ d’aliments afin de signaler la production d’hormones aux autres glandes et organes. C’est bien la restriction qui provoque une cascade de déséquilibres hormonaux, non le sucre raffiné. Et l’aménorrhée mène à des soucis d’infertilité, d’insuffisance osseuse, des problèmes cardiovasculaires, cérébraux. Elle influence notre température corporelle, nos humeurs, notre libido, notre capacité de réflexion. Notre corps est en mode ‘survie’. Et c’est bien plus néfaste que les aliments transformés…
C’est pourquoi, lorsqu’une personne décide de mettre tout en œuvre pour retrouver ses règles, la chose la plus saine qu’elle puisse faire est de manger de TOUT (sauf les aliments auxquels elle a une allergie testée et avérée, bien sûr) afin de NOURRIR son corps.
Si ne consommer que des aliments « sains » mène à une AHF, il sera difficile, voire impossible, d’en sortir sans élargir son champ alimentaire, autant physiquement que mentalement.
A ce stade, le corps – mais aussi l’esprit- a besoin de TOUT le carburant disponible et d’une certaine « garantie » qu’il sera désormais nourri de manière régulière et diversifiée.
C’est une des rares instances ou la quantité l’importe par rapport à la qualité. C’est pourquoi on ne reconnait pas de ‘crises de boulimie’ en période de guérison. Car le corps est extenué, vidé, inquiet, en mode « survie ». Et tout aliment contribue à sa remise sur pied.
Bien sûr, il est extrêmement difficile d’abandonner la croyance que manger sain est un « besoin moral », surtout quand notre environnement ne cesse de mentionner qu’il faut « bouger plus et manger moins » pour être en bonne santé. Mais à ce stade, il est important de répondre aux besoins uniques de votre corps pour sortir enfin du mode « survie ». Et trouver une véritable communauté de soutien autour de vous (ou investir dans quelques séances de coaching) est essentiel.
Lorsque votre corps se sentira enfin suffisamment en sécurité pour reprendre un cycle hormonal, vos habitudes alimentaires vont absolument se stabiliser.
Ce sera une seconde nature de faire confiance à vos sensations de faim et de satiété, de vous permettre de vous faire plaisir, mais aussi de choisir des aliments plus « nutritifs », sans aucun jugement moral. Et il n’arrivera rien d’effrayant à votre poids entretemps, car le corps est une machine sophistiquée et intelligente, qui fonctionne au mieux quand on lui fait pleinement confiance.
Si vous mangez vraiment beaucoup pendant votre guérison, sachez que vous faites exactement ce que vous devez faire pour votre santé, et que ce sentiment de « perte de contrôle » n’est qu’un dommage collatéral d’une alimentation troublée (la voix du TCA n’est pas vraiment la vôtre!).
Rappellez-vous également qu’environ 2/3 des facteurs qui peuvent influencer notre état de santé sont hors de notre contrôle direct: ils sont liés aux facteurs génétiques ou environnementaux et sociaux de notre vie.
Au fil du temps et en vous nourrissant au mieux, vous trouverez un nouvel équilibre, mais aussi un nouveau sentiment de (vraie) santé et de liberté. Faites-vous confiance et appuyez-vous sur vos échanges avec d’autres personnes dans une situation similaire <3
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