Que faire pour améliorer son transit intestinal alors qu’on essaie de retrouver son cycle menstruel ?

Être en aménorrhée, c’est soumettre son corps à une sorte de famine. Restreindre son apport calorique et se forcer à faire du sport très régulièrement force le corps à allouer le peu d’énergie disponible aux fonctions les plus importantes pour la survie (cerveau et système nerveux), et à ralentir d’autres fonctions essentielles (comme la digestion ou le contrôle de la température corporelle) mais aussi à arrêter complètement les fonctions ‘non essentielles’ à la survie (fertilité, cheveux et ongles sains, etc).

Pour bien comprendre pourquoi nourrir son corps régulièrement, en quantités suffisantes est crucial, j’aime utiliser l’analogie de la fournaise. Votre métabolisme est comme une fournaise. Jetez-y régulièrement un bonne grosse bûche et la fournaise produit de belles grandes flammes et une chaleur considérable : les calories sont brûlées et transformées en muscle, la digestion, le transit et les changements hormonaux se passent sans même les remarquer. Maintenant, imaginez que votre fournaise ne soit alimentée que 2 ou 3 fois par jour, d’un tout petit bâton. Le feu s’éteint peu à peu: le corps s’accroche à tout apport calorique et le transforme en graisses au lieu de l’éliminer (au cas où rien ne suivrait ce maigre bâton) ou de créer du muscle (qui demande encore plus d’énergie). La digestion et l’élimination sont lentes et parfois inconfortables. Le travail de réparation interne ou les fonctions hormonales non-essentielles à la survie sont tout simplement abandonnées au profit des fonctions vitales.

Lorsque vous vous décidez à manger plus et réduire ou arrêter l’exercice pour guérir votre aménorrhée hypothalamique, votre système digestif est tout à coup sollicité de manière beaucoup plus exigeante. Il peut s’en suivre de l’inconfort, des ballonnements et un transit ralenti (voire à l’arrêt complet). Tous ces symptômes sont NORMAUX et TEMPORAIRES. Vos proches vous diagnostiqueront peut-être avec une allergie alimentaire et vous recommanderont d’éliminer tel ou tel aliment, mais la réalité est plus complexe : dans votre cas, se restreindre est le problème, pas la solution. A moins que vous n’ayez un diagnostic médical d’allergie alimentaire ou de maladie du système digestif avérée, éviter des groupes alimentaires complets serait au détriment de votre santé et de votre guérison. Rester ‘all in’, concentrée sur la réintroduction de tous les aliments et le repos jusqu’à ce que vous atteigniez 3 cycles menstruels est essentiel pour garantir à votre corps que la famine est finie et qu’il peut reprendre toutes ses fonctions à 100% – dont la fertilité.

Avant d’en arriver là, voici quelques pistes pour vous soulager de soucis de constipation sans compromettre votre guérison de l’aménorrhée :

Favorisez les bonnes graisses et les féculents aux fibres

De nombreuses recherches, dont une publiée en 2009 dans l’American journal of clinical nutrition confirme que “les régimes alimentaires riches en fibres réduisent l’activité de certaines enzymes digestives, et donc la réabsorption d’estrogène dans le colon. Les fibres peuvent également encourager l’excrétion de davantage d’estrogène dans les selles.”[i]La solution est – selon Nicola J Rinaldi dans ‘No period, now what?’: “ajouter plus de féculents simples (farine blanche, riz blanc), qui se transforment plus facilement en glucose et sont digérés plus facilement. Assurez-vous de vous nourrir de bonnes graisses, celles-ci doivent représenter environ un tiers de votre apport calorique général : avocats, noix et beurres de noix, poissons gras (saumon), produits laitiers à base de lait entier, huiles et beurre pour cuisiner”.

Trouvez un bon probiotique

Démarrez avec quelques milliards de bactéries puis montez en nombre à mesure que vous tolérez ce nouveau supplément sans trop de ballonnements ou d’inconfort. (Garden of life ou Renew ou Lactibiane sont de bonnes marques).

Ajoutez un comprimé de magnésium le soir avant de dormir

Le magnésium a pour effet d’assouplir les selles et peut aussi calmer une légère anxiété ou des difficultés à s’endormir (un effet secondaire de l’AH). Commencez avec un seul comprimé même si la dose recommandée est plus élevée, pour ne pas irriter votre intestin, mais le soutenir en douceur dans son travail. (Je vous recommende Natural calm ou du Magnesium Citrate).

Buvez suffisamment d’eau en journée.

Quel est le montant ‘idéal’ d’eau à consommer chaque jour? Comme d’habitude, la réponse est ‘ça dépend’, car nous sommes toutes différentes… Chris Sandel a dédié un épisode de Real Health Radio à ce sujet et recommande de modifier le montant d’eau consommé selon les signes de votre corps : idéalement vous devriez uriner toutes les 3-4 heures et votre urine devrait être de couleur jaune clair. Vous urinez plus souvent et votre urine est plus claire ? Buvez moins. Vous urinez moins souvent et votre urine est jaune foncé ? Buvez un peu plus et ré-évaluez après quelques jours.

Considérez une promenade (douce)

Marcher peut aider à soulager une constipation passagère. Mais jusqu’au retour de vos règles, faites bien attention que cette promenade ne devienne ni compulsive (« Je DOIS marcher tous les jours ») ni une promenade de santé. Tout mouvement qui fait grimper votre rythme cardiaque, vous laisse en sueur ou anxieuse est à proscrire avant d’avoir obtenu trois cycles consécutifs. Donc, restez douce et lente dans vos activités physiques, pour le moment.

Comme toujours, rappelez-vous que l’inconfort et les symptômes désagréables de la guérison ne sont que TEMPORAIRES. Il peut être frustrant ou décourageant d’aller à l’encontre d’habitudes très profondément ancrées pour guérir son AH, et de ressentir ces effets néfastes. Mais gardez en tête que retrouver votre cycle hormonal vous apportera plus de liberté, plus de santé, plus de joie et moins d’anxiété, en quelques mois seulement. Que représentent quelques mois dans toute une vie, en fin de compte ?

Prenez soin de vous !

[i] https://www.reuters.com/article/us-fiber-ovulation-idUSTRE5A23KC20091103