Si vous êtes naturellement anxieu.x.se, chaque détail de la santé et du développement de votre enfant peut sembler stressant voire même insurmontable. La nutrition n’est pas une exception, surtout si on considère un paysage médiatique rempli d’alertes aux allergies, à l’obésité et aux carences.
Pendant mes années d’orthorexie et de recherche du ‘régime parfait’ (haha, comme si ça existait !), c’est triste à dire mais j’étais trop centrée sur mes obsessions alimentaires pour vraiment me pencher sur la nutrition de mes enfants. Mais en travaillant à ma rémission de troubles du comportement alimentaire (TCA), il m’est apparu clairement que mon rôle était de démontrer à mes enfants une relation saine (positive, confortable, flexible) à la nourriture. Simultanément, je réalisai que beaucoup de mes habitudes étaient en réalité des réflexes automatiques, sorte de ‘copier-coller’ des habitudes que j’avais conservé de mon enfance et de mes parents.
C’est ainsi que je décidai de me pencher sur cette question : comment une maman qui travaille, qui n’aime pas particulièrement cuisiner et qui a souffert de TCA peut susciter auprès de ses enfants une relation positive, non angoissée avec la nourriture. Une bonne âme me recommanda alors les livres de la diététicienne et psychothérapeute américaine Ellyn Satter.
‘Secrets of feeding a healthy family’ a complètement changé mon approche et m’a permis d’abandonner une grosse partie de mon anxiété sur la nutrition de mes enfants, grâce à UNE seule phrase, puissante et engagée : ‘Le repas le plus repréhensible est toujours mieux que pas de repas du tout !’ [i]
Cela signifie-t-il qu’il vaut toujours mieux manger que de ne rien avoir à se mettre sous la dent ? Quelque part oui, mais c’est plus profond que cela. Cela signifie qu’au-delà de tout avis sur le type de nourriture qu’un parent doit offrir à ses enfants, élever des enfants capables de se nourrir de manière équilibrée et saine démarre avant tout avec l’implémentation d’une STRUCTURE : planifier de manière fiable des moments où toute la famille partage ses repas. Chaque jour, plusieurs fois par jour.
Il s’agit également d’un des principes fondateurs de la ‘nutrition corps et esprit’, une de mes techniques de coaching la plus efficace avec mes clients adultes. Respecter le rythme instinctif des repas, cette manière spontanée qu’ont les humains de vouloir se poser et manger toutes les 2-4 heures, garantit des résultats bluffants pour retrouver un métabolisme équilibré, où notre corps assimile les nutriments, développe du muscle, régule notre appétit et brûle des calories, sans effort conscient de notre part. Mais structurer ses repas, au sein d’une famille avec des jeunes enfants, est encore plus puissant que cela :
“Les recherches scientifiques démontrent que les enfants qui prennent leur repas en famille ont tendance à manger plus de fruits et de légumes et à consommer moins de boissons sucrées ou d’aliments frits. De plus, les ados qui consomment leur repas avec un parent ont un meilleur équilibre social et émotif et de meilleurs résultats à l’école.” [ii]
Ce concept simple m’a libérée en tant que maman.
- Il m’a permis de mettre en perspective le dialogue de peur et d’angoisse internalisé sur ce que je dois ou ne dois pas donner à mes enfants.
- Il m’a démontré que s’obséder sur ‘encore une cuillère’ n’était ni efficace ni pertinent s’il détériorait l’ambiance à table.
- Il m’a rassurée que même les jours ou je n’ai qu’une pizza surgelée à offrir, voire moins ; en m’asseyant avec mes enfants pour manger à table, je leur rappelle que prendre du temps pour se nourrir est essentiel, je leur démontre qu’ils sont ma priorité, toujours, je leur déclare qu’ils peuvent compter sur mon attention totale et indivisée plusieurs fois par jour. Je les rassure sur la présence de nourriture toutes les 2-3 heures.
Parce que, pensez-y : les jours où vous êtes passé.e.s d’une collation à une autre sans vous assoir véritablement pour les savourer lors d’un vrai repas, les jours où vous n’aviez rien prévu à manger et où vous vous êtes retrouvé.e.s affamé.e.s, sans rien à vous mettre sous la dent, sur quel type d’ingrédients avez-vous instinctivement jeté votre dévolu ? Des ingrédients à forte densité nutritive ou plutôt avec un haut indice de confort ? C.Q.F.D. [iii]