Sortir du yo-yo incessant des régimes, d’une dépendance à l’exercice physique ou d’une perte de règles nécessite le plus souvent une prise de poids. Afin de quitter un état de (semi-) famine (et son lot de problèmes hormonaux, émotionnels, de métabolisme et de santé mentale), retrouver une liberté alimentaire est indispensable. Et elle est souvent accompagnée d’une prise de poids. Rationnellement, mes clients le savent. En fait, c’est exactement la raison pour laquelle ils me demandent de l’aide.
Néanmoins, alors que nous travaillons ensemble, j’entends souvent cette phrase : « Je me sentirais quand même mieux si j’étais plus mince « . Derrière cette phrase se cache l’idée que, pour accroitre la confiance en soi, il suffit de faire disparaitre ses complexes. Donc je me suis demandé :
l’image corporelle peut-elle être améliorée de manière radicale en modifiant nos corps ?
Si vous êtes né.e.s après 1950, il y a de fortes chances qu’un grand nombre de vos croyances perpétuent l’idée que la minceur est synonyme de moralité et de santé. Bien que le lien entre bonne santé et poids ait été largement démystifié, une industrie lucrative (279 milliards de dollars américains globalement, par an – Source : Orbis Media) se cache derrière ces messages, renforçant l’idée que minceur => moralité/succès => indispensable.
En intériorisant ces convictions fondamentales, il est évident de voir que nous nous « sentons mieux » à un poids inférieur. Pour beaucoup d’entre nous, manipuler nos corps est moins une question de vanité qu’un besoin profond de reconnaissance et d’appartenance, une quête d’amour et de bonheur. C’est là que les régimes s’apparentent presque aux dogmes de la religion. (Essayez de discuter de votre nouvelle veste en cuir avec votre ami végétalien et testez en les effets. Mais je m’égare.)
Revenons à notre propos : si la clé des problèmes d’image corporelle et d’acceptation était d’avoir un certain poids ou ‘type’ de corps, certaines personnes seraient parfaitement à l’aise avec elles-mêmes, tout à fait naturellement. Pourtant, 91% des femmes déclarent ne pas être satisfaites de leur apparence. Et nous connaissons tous des gens conventionnellement ‘beaux’ qui se détestent ou des gens dont l’apparence ne se conforme pas aux normes en place, mais qui sont la confiance en soi personnifiée.
Donc, ce lavage de cerveau sur le besoin inhérent d’ « améliorer » notre apparence extérieure pour attirer des choses positives dans nos vies et enfin « se sentir bien dans notre peau » est largement contre-productif.
D’abord parce que le corps humain est parfaitement capable de se gérer lui-même (si vous le laissez faire). Forcez-le à perdre du poids et il trouvera TOUJOURS les moyens de revenir à son équilibre naturel, quels que soient les efforts que vous déployez pour le contrer. Son équilibre hormonal est conçu pour vous ramener à votre poids idéal (= celui que vous entretenez sans effort, pas celui que vous impose Weight Watchers).
En outre, vivre avec la conviction que vous êtes « brisé.e » et que vous avez besoin de « réparer » votre apparence pour être digne d’amour et d’attention mène à une ribambelle de soucis de santé mentale, notamment des tendances obsessives, de l’irritabilité, un manque d’estime de soi et de la dépression ou de l’anxiété. Cette simple idée peut causer des ravages sur tout votre métabolisme, car le stress qu’elle génère, lui, est bien réel.
Se sentir mieux dans son corps, développer une image corporelle plus positive, n’exige en aucun cas de manger moins ou de faire plus d’exercice. Il ne s’agit pas d’avoir un nez plus court, une taille plus fine ou des seins plus galbés. Le travail est à effectuer sur les sentiments, les croyances, les émotions, les pensées, la santé mentale, plutôt que sur le corps physique. Il faut comprendre la cause de ces croyances, si elles vous servent encore aujourd’hui et encourager votre cerveau à créer de nouvelles connections neurologiques bienveillantes.
Contrairement aux régimes, cela n’arrivera pas en 2 semaines ou même en 30 jours. Il faudra construire cette image pas à pas, en changeant ses habitudes une à une, même les plus insignifiantes, vers davantage de compréhension, de bienveillance, de respect, d’estime et d’acceptation radicale de soi. C’est le travail de toute une vie, mais il a le pouvoir de se répercuter positivement sur tous les aspects de notre vie et de notre santé, ainsi que celles de nos proches.
Donc, si vous faites actuellement ce travail sur vous-même et que vous continuez à penser « mais je me sentais tellement mieux à un poids inférieur », sachez qu’il ne s’agit que d’une pensée, influencée par la culture ambiante et non par une profonde inadéquation personnelle qu’il faudrait réparer a tout prix.
Soyez bienveillant.e.s envers vous-mêmes. Nos pensées ne nous définissent pas. Elles sont largement impermanentes. Elles changent à mesure que nous grandissons, évoluons, vieillissons. Nous pouvons décider de les laisser nous guider dans nos choix mais il est aussi possible de tout simplement les ignorer.
Le chemin qui mène à l’acceptation de soi consiste à mettre un pied devant l’autre, à implémenter de nouvelles habitudes pour favoriser une prise de conscience, une meilleure régulation de ses émotions et remplacer une haine de soi par une attitude positive et bienveillante. En encourageant le cerveau à créer de nouvelles connections et à générer des pensées différentes, on abandonne peu à peu les vieilles idées toxiques. Et ce processus, qui s’apparente une (re)découverte de soi-même, est aussi important que d’arriver à destination : s’accepter exactement comme on est.