Si vous avez passé des années, comme moi, dans un vortex mental focalisé sur l’élaboration du régime alimentaire parfait et les séances de sport à répétition, il y a de grandes chances que cette obsession ait fini par phagocyter tout le reste de votre temps libre. Tant et si bien qu’à un certain point, l’obsession définit carrément notre identité toute entière auprès des collègues, des amis ou de la famille : on est avant tout la sportive qui ne parle que de nutrition ou de santé. Certain.e.s d’entre nous deviennent même des coachs sportifs ou des nutritionnistes, afin de communiquer à d’autres leur nouvelle passion pour le ‘bien-être’ (nouveau terme politiquement correct qui couvre en réalité une ‘perte de poids’).
C’est un phénomène devenu tellement courant que Christy Harrison, une diététicienne suivant la mouvance ‘Santé à toutes tailles’, l’a décortiqué et dénommé ‘Le voleur de vie’. Sous des promesses de perte de poids (et par extension, de santé et bien-être), les régimes restrictifs dénuent notre rapport à la nourriture de toute joie, et transforment nos repas et nos occasions sociales en lieux hostiles, mettant en scène des ingrédients ‘interdits’, du jugement moral et une incapacité notoire à être véritablement ‘présent’ émotionnellement alors que toute notre énergie se concentre sur le contrôle du corps et de la nourriture ingérée. Ces mécanismes créent un stress chronique, qui, en impactant notre équilibre digestif mais aussi notre métabolisme tout entier, a tendance à aggraver encore nos soucis de santé mentale et physique, et donc à produire un effet inverse que celui escompté.
Le plus souvent, tous ces mécanismes convergent vers un point de non-retour, où cette identité nous étouffe, pour des raisons physiques et/ou émotives. Mais les habitudes sont alors bien ancrées dans notre quotidien et nos croyances. On peut être déterminé à se reconnecter aux besoins de son corps, refuser la grossophobie et accepter de changer mais néanmoins redouter de se sentir ‘en chute libre’ en abandonnant ces habitudes de vie. Parce que tout notre temps libre se concentrait autour de questions de corps et de nutrition, et car beaucoup de nos proches continuent à interagir dans cet espace.
Une étape majeure de mon chemin vers la ‘guérison’ fut de passer par une période de ‘découverte’ de ma véritable ‘identité’. Aidée de ma coach à l’époque (merci Kayla Tova !), cette phase de ‘découverte’ était en réalité une exploration de hobbies, de centres d’intérêt et de passe-temps anciens ou nouveaux, au moyen de deux grandes directives :
1/ Qui étais-je ‘avant’ ?
Quelles activités m’apportaient une réelle joie et me donnaient un sentiment de plaisir et de relaxation ? Réessayer vos anciens hobbies et voyez s’ils vous apportent la même satisfaction. Laissez tomber ceux qui ne vous enthousiasment pas, ne gardez que ceux qui vous donnent vraiment la pêche.
2/ Dans le doute, dites ‘oui’ !
Pour essayer la poterie ou le chachacha. Pour rejoindre des amis pour une soirée improvisée ou pour apprendre une nouvelle langue. Si vous ne pouvez pas faire du sport en ce moment (si vous souffrez d’aménorrhée hypothalamique par exemple), pensez à adopter un animal de compagnie, à suivre un atelier de méditation ou à apprendre à coudre : n’importe quelle activité du moment qu’elle ne vous fait pas bouger/transpirer. (NB: Pour plus d’infos spécifiques sur la guérison d’une aménorrhée, n’hésitez pas à relire ce post)
Prenez des risques, faites face à la peur qui vous tient au ventre. Votre obsession alimentaire ne contrôle plus votre vie désormais. Le pire qui puisse vous arriver, c’est de vous trouver réellement.
Merci pour ce post vraiment intéressant et qui me parles beaucoup..!