Même si elle est enflammée et douloureuse.
La semaine passée, j’ai posté un aperçu de la stigmatisation des problèmes de peau dans une culture qui considère la perfection de la peau comme un signe indispensable de santé et de moralité (retrouvez le ici si vous souhaitez le lire). Mais comme c’est le cas pour le poids, les problèmes de peau sont en réalité une autre manifestation de l’incroyable diversité des corps humains ! Pour avoir passé plusieurs DECENNIES à tenter de me débarrasser de mon acné (sans succès durable) et en voyant mon vitiligo évoluer au cours des sept dernières années, il est clair à mes yeux que le contrôle que je peux exercer sur la sante de ma peau est EXTREMEMENT limite.
Donc la question qui suit naturellement est la suivante : Si je ne suis pas capable d’atteindre le standard d’une peau sans défauts, suis-je condamné.e à être une personne ‘amorale’ ou dénuée de valeurs ? Et si les problèmes de peau sont un signe de mauvaise santé (ce que les dermatologues ne peuvent pas confirmer à ce stade) n’aurais-je pas droit au respect à cause de mon état de santé, quel qu’il soit ?
La réponse est évidente : BIEN SUR QUE NON !
Prendre conscience de cet état de fait et réaliser que de puissants secteurs économiques profitent de notre manque chronique d’estime de soi pour s’enrichir et vendre des promesses vides de sens, c’est comprendre que reprendre le pouvoir sur son état d’esprit passe par un refus d’interagir dans ce système.
Attention : par là, je ne vous recommande en aucun cas d’arrêter de prendre soin de votre peau ! Ce que je propose est de ne pas perdre la tête à essayer d’atteindre des résultats irréalistes. Je postule que prendre soin de sa peau tout en reprogrammant ses croyances pour vivre mieux dans sa peau, dès aujourd’hui et sans lien avec son niveau d’inflammation, est tout à fait possible.
Voici quatre façons d’accepter sa peau dès aujourd’hui :
1/ Remettez les conseils ‘bien intentionnés’ à leur place
Mentionner son ‘inquiétude’ pour la peau de quelqu’un d’autre peut être extrêmement stigmatisant et contre-productif. Ne laissez plus les autres vous embarrasser avec leurs ‘bons conseils’. La prochaine fois qu’un inconnu (ou votre tante Martha) vous recommande d’arrêter les produits laitiers ou de vous laver le visage avec de l’huile de coco, soyez ferme et retorquez ‘Merci de ton/votre conseil. L’état de ma peau ne regarde que moi et je préfèrerais que nous parlions de sujets plus intéressants ensemble’ puis redirigez la conversation à votre guise.
2/ Sélectionnez vos médias intelligemment
Au lieu de se torturer à atteindre des standards de beauté impossibles, changeons les mentalités afin de nous accepter tous exactement COMME NOUS SOMMES. Cela passe par un processus de nettoyage de nos médias sociaux afin de balancer ceux qui nous font sentir ‘pas assez bien’ et ne conserver que ceux qui apportent vraiment de la joie. Désinscrivez-vous de comptes qui profitent de votre manque de confiance en vous et trouvez votre tribu ‘skin positive’. Trouvez mes inspirations (en anglais) ici.
3/ Cessez de vous cacher
Il est tentant de refuser d’aller à un évènement de travail ou d’apparaitre sur des photos lorsque notre peau est enflammée. Mais il est alors dangereux de s’isoler encore plus. Rappelez-vous que votre peau n’est en RIEN corrélée à vos compétences ou vos valeurs morales. Souvenez-vous que les gens qui vous apprécient souhaitent passer du temps avec vous et avoir des souvenirs de vous en photos, quel que soit l’état de votre peau. Que vous ayez des boutons ou de l’eczéma n’a en réalité qu’une importance minime.
Dans la même optique, il peut être positif d’arriver à vous séparer peu à peu du besoin de ‘couvrir’ vos soucis de peau. Cela peut vous sembler terrifiant à ce stade, mais comme dans beaucoup de situations, l’anticipation est en réalité plus angoissante que l’acte en lui-même. Si vous ne vous imaginez pas sortir sans maquillage, essayez de démarrer en douceur : en allégeant votre maquillage, ou en sortant sans maquillage dans des conditions qui vous semblent plus favorables, par example en commençant par la sortie pour acheter du pain ou promener le chien. Peu à peu, vous serez motivé.e.s à prendre plus de défis puis à accéder à une plus grande liberté.
4/ Mettez la compassion et le soin de soi au centre de vos préoccupations
Dans votre dialogue intérieur, entrainez-vous à proscrire des mots péjoratifs comme ‘vilaine’, ‘dégoutante’, ‘désastreuse’ ou ‘terrible’ quand il s’agit de parler de votre peau. A défaut d’être positi.f.ve, restez neutre dans vos commentaires, en vous concentrant sur votre substance propre (courage, sens de l’humour, ambition, compassion) plutôt que sur votre apparence. Si votre peau tire et fait mal, pensez à noter ces sensations dans un journal et puis à associer sur le papier les émotions qui vous assaillent. Afin de gérer cette vague émotionnelle, pensez à la méditation, le sport, le yoga, prendre de grandes respirations, écouter de la musique, parler à un.e ami.e. Si vous ressentez une forte anxiété sociale, du stress ou même de la dépression liée a votre expérience avec votre peau, n’hésitez pas à consulter un psychiatre ou un psychothérapeute et obtenir de l’aide. Rappelez-vous qu’un meilleur équilibre émotif peut influencer positivement la sante de votre peau à moyen ou long terme.
Avez-vous d’autres façons de gérer les émotions qui accompagnent vos problèmes de peau ? Des idées pour encourager plus d’acceptation de la peau ? Des recommendations d’inspirations ‘skin positive’ francophones ? Partagez-les en commentaires ou via @byond.bodyimage.
Portez-vous bien !